Tableau "La danseuse" (1922), encadré

"Je veux créer des types d'hommes et non des portraits, et je veux l'essence de l'espace et non des intérieurs", résumait Oskar Schlemmer en quelques mots l'approche de son art. L'espace en soi est son sujet - et l'homme en soi. Il serait faux de voir dans les poupées articulées soigneusement composées des êtres humains anonymes, voire "aliénés", comme dans une grande ville. Ce n'est pas un hasard s'ils rappellent des modèles archaïques que Schlemmer vénérait comme la plus haute expression de la création humaine.

Pendant longtemps, Oskar Schlemmer n'a pas été exposé de manière exhaustive et les publications scientifiques de base ont également été difficiles. La raison: les héritiers de Schlemmer de la deuxième génération retiraient régulièrement les prêts des musées et interdisaient même parfois les reproductions. Cela faisait du grand artiste du Bauhaus un "illustre inconnu". Tandis que certains travaux (comme l'escalier du Bauhaus) ont acquis une importance iconique, une autre partie de son œuvre globale a pratiquement disparu de la conscience contemporaine. Cela n'a changé que récemment.

En 2015, la Staatsgalerie de Stuttgart a consacré à Oskar Schlemmer une exposition de renommée mondiale, dont le catalogue - 70 ans après sa mort - a enfin pu offrir une présentation complète et richement illustrée. Il a également été reconnu au-delà des cercles spécialisés comme le grand maître de l'art moderne, à l'instar de ses collègues du Bauhaus Kandinsky et Klee.