Lovis Corinth

« L’art véritable n’a (...) aucune connotation pratique et lucrative. Il est une fin en soi. Égoïste comme un dieu, il se tient là dans toute sa beauté. » (Lovis Corinth)

L’œuvre de Lovis Corinth (1858-1925) est difficile à saisir dans son ensemble. Même son classement récurrent dans un « impressionnisme allemand » qui se distingue de l’impressionnisme français est tout à fait discutable. Corinth expérimente bien l’effet de la couleur dans le sens d’une autonomisation des moyens picturaux, mais les calculs scientifiques et académiques, les systèmes de couleurs ou bien une justification de l’effet de la couleur à partir de la physique lui sont en grande partie étrangers. D’une manière générale, il est à contre-courant des mouvements artistiques de son époque et il a même qualifié de « recettes artistiques » bon nombre des nouvelles approches de la jeune avant-garde, les couvrant d’une moquerie corrosive.

Mais ce n’est qu’en surface que Corinth apparaît comme un peintre « conservateur ». D’une part, il resta toute au long de sa vie attaché à la peinture figurative et réaliste. Ses sources d’inspiration restèrent les anciens Néerlandais, Rembrandt en tête, et il mourut près d’Amsterdam parce qu’il voulut les admirer une dernière fois dans leur version originale. Mais d’un autre côté, il était considéré comme un rebelle et un innovateur, et abordait toujours les genres classiques (tableaux d’histoire, thématiques bibliques et mythologiques) avec un regard extrêmement subjectif, jusqu’à la parodie et au travestissement. En définitive, il était un contemporain de son époque artistique tout à fait remarquable et était perçu comme tel. Il était de toute façon moderne à tous points de vue, et la série de ses célèbres autoportraits montre un Corinth parfois instable, déchiré entre l’ivresse artistique et la dépression, comme un maître de l’auto-interprétation psychologique.

L’œuvre tardive de Corinth est particulièrement importante. Il y a tout d’abord les tableaux du Walchensee, réalisés à partir de 1919 près d’Urfeld, au sud de Munich, dans lesquels le peintre redécouvre la peinture de paysage. Mais il cherche et trouve également de nouvelles approches dans d’autres sujets, comme le portrait ou le nature morte.

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